Il fut un temps où Yoann Stuck aurait pu rivaliser avec une pizzéria niveau consommation de margarita, le tout arrosé de whisky-coca et parfumé à la nicotine. Mais dix ans plus tard, le voilà qui collectionne les médailles sur les trails les plus exigeants, prouvant que même les plus grands fêtards peuvent devenir des champions. Prêts pour l’histoire décoiffante (et barbue) de Yoann Stuck ?
D’Avignon à Lyon, de la pizza au trail
En 2010, Yoann Stuck affiche un sens de la fête qui ferait pâlir un étudiant Erasmus : 95 kg sur la balance, 30 cigarettes quotidiennes (allumées d’une main, arrosées d’une pinte de whisky-coca de l’autre), et un job nocturne chez un pizzaïolo où la pizza quotidienne était sacrée. Près d’Avignon, la routine semblait bien huilée… jusqu’au matin sans tabac. Par habitude ou par défi face au quintal imminent, Yoann enfile sneakers et short de foot pour s’expulser hors de chez lui, pour une vingtaine de minutes de course. Rien de calculé, juste l’instinct : “Comme je tiens à ne pas dépasser le quintal en arrêtant la clope, je pars courir…”. Et dans la foulée (sans mauvais jeu de mots), il part s’installer à Lyon, rejoindre sa compagne et, accessoirement, changer de vie.
Le running, déclic santé et curiosité
À ses débuts, l’athlétisme, c’était du chinois pour Yoann : il ne connaissait même pas la distance d’un marathon et se contentait de 30 minutes de footing deux ou trois fois par semaine. Mais très vite, la course à pied devient sa boussole : il découvre Lyon, ses fameuses traboules, et s’inscrit en loisirs à l’Ascul Lyon Métropole. Un premier challenge, et pas des moindres, l’attend : le Run in Lyon, sa toute première course officielle… Résultat ? Objectif atteint d’extrême justesse, passant sous la barre des 45 minutes sur 10 km… à une seconde près !
Pendant trois ans, Yoann arpente les marchés de la région lyonnaise. Côté nourriture, la révolution est en marche : il découvre, roulement de tambour, les légumes, et pratique désormais « l’apéro contrôlé ». Résultat ? Une “métamorphose” rapide : 20 kg envolés en un an.
Des premières victoires à la révélation du trail
Attiré par la nature, Yoann fait évoluer son entraînement et rallonge ses distances : 15 km, puis semi-marathons. En 2013, il s’offre ses premières victoires à la Val’Lyonnaise (26 km) et sur Jogg’îles (30 km) au Grand Parc de Miribel-Jonage. Pourtant, la vraie révélation vient l’année suivante, lors du Marathon du Mont-Blanc à Chamonix. Porté par l’ambiance et les sommets majestueux, c’est un choc : “En courant entouré de la chaîne du Mont-Blanc dégagée, j’ai eu la larme à l’œil.” Depuis son succès sur le trail des Cabornis (42 km) en 2015, Yoann est sponsorisé, ce qui lui ouvre les portes du monde… et le trail devient son passeport :
- Brésil
- Hong Kong
- Arabie Saoudite
- SaintéLyon (76 km)
- CCC (100 km)
- Marathon des Sables (260 km en six jours… à pied, bien sûr)
Aujourd’hui père d’une fillette de 5 ans, il enchaîne une dizaine de courses mythiques chaque année. Rien ne semble l’arrêter, pas même les souvenirs du combo pizza-whisky-clopes qui lui semblent désormais bien lointains.
Un modèle pour tous, entre rock et passion
Proche de sa communauté numérique, Yoann aime partager son histoire atypique et donner un coup de pouce à ceux qui veulent croire en la seconde chance. Car non, il n’a jamais enchaîné les podiums en sport jeune : “Ça m’a longtemps semblé improbable de courir de telles distances, d’autant que je n’avais aucune base d’athlétisme ou d’un autre sport d’endurance. Je jouais seulement un peu au foot, et encore je zappais souvent les entraînements. Comme quoi il n’est jamais trop tard…”.
Fan de rock (de Pearl Jam aux Red Hot Chili Peppers), l’ancien roi de la soirée parcourt désormais 100 à 150 km de course par semaine, jusqu’à 6000 m de dénivelé positif, et s’accorde même trois heures de vélo en moyenne. Avec sa compagne, il développe la marque de vêtements éco-responsable Iamwoodstuck. L’occasion d’arborer fièrement ses devises :
- Rock’n run
- Outdoor geeks
- Running is not a crime
Conclusion : Parce que l’envie de changer gagne toujours !
Yoann Stuck le prouve : tout est question de déclic, de persévérance… et d’un zeste de rock’n roll. Qu’on parte de zéro, d’un job chez le pizzaïolo ou d’une jeunesse pleine d’excès, il n’est jamais trop tard pour réinventer sa vie, une foulée après l’autre. Alors, et vous, prêts à troquer la pizza quotidienne contre une petite virée dans les sentiers ?













